mercredi 27 novembre 2013

Choix d’illi
MEHDI DE GRAINCOURT EXPOSE AU MUSEE DE MARRAKECH
26 novembre 2013 13 h 00 min
Par Yasmine Belmahi
Les tableaux de Mehdi de Graincourt, à la composition libre et aux coloris intenses, exaltent en chacun un optimisme fécond. Ils sont exposés à Marrakech au Musée de Marrakech, Fondation Omar Benjelloun.
Son grand-oncle Emile Bernard (1869-1941) et Paul Gauguin ( 1848-1903) ont été les fondateurs de l’école Pont-Aven. Mehdi de Graincourt a t-il donc reçu en bel héritage spirituel cette passion pour la peinture, et plus généralement pour l’art ? Écrivain, auteur de nombreux ouvrages dont les très beaux livres d’art «  Ibn al Arabî, les révélations de Fès et Marrakech » et « Leur Maroc », Mehdi de Graincourt est également peintre. Aussi loin que remontent ses souvenirs, Mehdi s’est emparé de la couleur du monde, s’en est imprégné, l’a restituée sous forme de tableaux, de dessins, de mots. Ce qu’il nous donne à voir dans ses oeuvres, c’est la face solaire qu’il capte de la vie, l’émerveillement face à une lumière, le bonheur de la contemplation. Si Mehdi, féru de littérature, passionné d’écriture, ne renierait en rien la puissance du verbe, il pense que la peinture est la langue universelle avec laquelle on peut dire sans dire et sans réserve aux hommes, aux femmes et aux enfants l’amour qui sous-tend l’acte de création.
ILLI : Pourriez-vous nous parler du magnifique lieu où sont exposés vos tableaux et de son propriétaire ?
Mehdi de Graincourt : Mon exposition a lieu au Musée de Marrakech qui est géré par la Fondation Omar Benjelloun, au coeur de la médina. C’est un endroit qui m’est particulièrement cher car je l’ai vu naître il y a plus de quinze ans. Lors de la disparition d’Omar Benjelloun, son épouse Naïma, Présidente de la Fondation, a repris le flambeau. Grâce à elle, des expositions d’artistes talentueux de dimension internationale se succèdent régulièrement sur les cimaises du Musée.
ILLI: À quel moment de votre vie vous êtes-vous adonné à la peinture ?
M.G : Mon tout premier souvenir d’enfance remonte à ma naissance : l’éblouissement de la lumière d’Afrique où je suis né. La vision aussi d’un immense cactus vert qui se détachait sur le ciel intensément bleu. Très vite, j’ai joué avec la terre rouge, sculpté, peint avant même de savoir marcher. Ensuite, lors de mes vacances en France dans le manoir familial, j’ai été en contact avec le milieu artistique puisque nombre de mes parents, dont le peintre et fondateur de l’Ecole de Pont-Aven Emile Bernard, ont été proches de Renoir, Gauguin, Van Gogh…
ILLI: L’écriture et la peinture, le mot et le geste…Pourriez-vous définir ce que vous trouvez en chacune de ces expressions ? Quand passez-vous de l’une à l’autre ?
M.G: L’écriture est une peinture. J’aime beaucoup la calligraphie. C’est avec un calame et de l’encre que j’ai appris l’alphabet arabe et c’était un bonheur. Quand la lettre prend son envol, devient oiseau, qu’elle s’étire pour éclore en une fleur. Mais l’écriture d’un roman, d’une nouvelle, est plus intellectuelle, elle passe par le philtre de la réflexion. La peinture me semble plus spontanée. Plus spontanée aussi dans sa réception, car l’écriture passe par une langue donnée alors que la peinture n’a pas de nationalité. Chacun peut la ressentir, quels que soient sa culture, son âge. Pour moi, l’une ne va pas sans l’autre.
ILLI: Y a t-il des sujets ou des émotions que l’on ne peut exprimer que par la peinture ? La peinture serait-elle plus sensualiste ?
M.G: La littérature permet parfois d’exprimer pleinement certaines émotions, mais c’est un miracle. Je songe à quelques pages de Marguerite Yourcenar ou de Borgès. Quand talent et inspiration se rejoignent. Un dessin aborigène ou les touchants portraits du Fayyoum, de l’antiquité gréco-romaine en Egypte nous touchent, nous parlent plus qu’un texte. Les sensualistes prennent le monde visible pour le tout, l’ombre pour la réalité. En ce sens, la peinture peut représenter ce que l’œil ne voit pas, un invisible pourtant plus réel que le visible. L’un de mes tableaux non exposés ici –il appartient à une collection privée- illustre le mythe de la caverne de Platon. La question reste ouverte : qu’est-ce qui est le plus réel ?
ILLI: L’acte de peindre et de dessiner, né de ce besoin d’images-besoin qui garde sa part de mystère-, est ce qui nous lie à la première humanité, à des images millénaires. Est-ce que peindre serait ce geste qui nous lie plus directement et plus simplement à l’Autre ?
M.G.: Oui, ce geste nous lie directement, simplement à l’autre. Je le constate chaque jour devant l’impact de mon œuvre intitulée « Love is all ». Les visiteurs se font presque tous photographier devant les petits personnages souriants. Nombreux sont ceux qui ne peuvent s’empêcher de toucher la toile, de la caresser, de mettre leurs mains sur les mains dessinées qui se tendent vers eux. Peindre est dans tous les cas un acte mystique. Voilà pourquoi j’ai placé cette exposition sous les auspices d’un poème Ibn al Arabî : «… Ma religion est la religion de l’amour »…
ILLI: Tes tableaux sont « radieux ». Il y a une forte présence de la couleur, une couleur éclatante, vive. Renoir disait qu’il fallait apporter au monde de la beauté. Il refusait de peindre la tristesse, la tragédie, la mort. Qu’en pensez-vous ?
M.G.: Ma grand-tante Argentine de Graincourt avait été modèle pour Renoir. Très âgée, elle avait plus de cent ans, elle me parlait encore de sa peinture, de cette nécessité d’apporter au monde de la beauté. N’est-ce pas le sens de la vie ? J’ai fait mienne cette philosophie. Le quotidien nous accable suffisamment de tristesse et de tragédies. D’ailleurs, apporter au monde cette beauté, ce n’est pas que par la peinture, mais par tous nos actes. Chaque jour. Quand la voix du muezzin est la plus belle et la plus pure. Quand l’artisan fabrique le plus bel objet, quand la mère sourit à son enfant. Oui, Renoir avait raison !
ILLI: À quel moment de la journée aimez-vous peindre ?
M.G: Tous les moments de la journée me semblent propices à la peinture. J’aime voir le lever du soleil, quand la lumière est si limpide ! Au Maroc nous avons ces extraordinaires jeux de lumière qui font que rien n’est jamais pareil. Je songe au mur d’une petite médersa dans la médina. Les palmes qui ondulent sur le pisé. L’image est toujours, toujours différente. Le tableau ne sera jamais le même, quel enchantement.
ILLI: Vous avez écrit un beau livre d’art «  Leur Maroc. Regards d’écrivains, artistes, voyageurs, venus d’ailleurs » (Malika Editions). Cette exposition est-elle un prolongement de ce livre en offrant « Ton Maroc » ? Pouvez-vous nous parler de votre lien à ce pays ?
M.G.: Tout au long des années, effectuant des recherches et écrivant « Leur Maroc », j’ai accompagné ce travail par la peinture. Ecriture et peinture étaient indissolublement liées. Donc je ne sais plus laquelle est le prolongement de l’autre. Mon lien au Maroc est aussi viscéral. Si je puise mes racines en Afrique sub-saharienne de par ma naissance, si mes livres sont lus dans le monde entier, la partie la plus solide de moi-même, le tronc de l’arbre, se situe ici, dans cette symbiose avec le Maroc.
ILLI: Sur quel projet travaillez-vous en ce moment ?
M.G.: Encore et toujours peinture et écriture ! Ma fille a une passion pour l’impressionnisme, mon fils pour les dessins animaliers, j’aimerais que nous créions une œuvre tous ensemble. Qui allierait aussi la musique puisque leur maman est cantatrice, mezzo-soprane. Car la musique m’est aussi une forme d’expression fondamentale…
 Musée de Marrakech
Fondation Omar Benjelloun
Place Ben Youssef – Marrakech-Médina
Exposition jusqu’à fin janvier 2014
Tél.: 05 24 44 18 93
Fax: 05 24 44 19 01

jeudi 21 novembre 2013

article paru dans la Nouvelle Tribune 15 nov13

Publié le 15 novembre 2013 par LNT
Mehdi de Graincourt expose « Son Maroc »  au Musée de Marrakech, Fondation Omar Benjelloun, du 20 octobre 2013 jusqu’à fin janvier 2014
Français, Marocain de cœur, installé depuis plus de vingt ans à Marrakech, Mehdi de Graincourt a publié « Sur les pas d’Ibn Arabî », biographie du mystique soufi andalou (1165-1240). Prix Grand Atlas de l’Ambassade de France en 2011 pour sa biographie d’Ibn Battouta (1304-1369), grand voyageur de l’Islam. Son beau livre Leur Maroc, paru en 2010 dévoile le regard de 66 artistes, écrivains et voyageurs venus d’ailleurs. C’est le thème de cette exposition où Mehdi présente sa vision picturale de son « Cher Maroc » : une cinquantaine d’œuvres joyeuses et lumineuses. Du cloisonnisme jusqu’au street art. Son travail a obtenu en 2012 le Grand Prix de la Rose David Foundation for Modern Art. Ses créations figurent dans de prestigieuses collections de par le monde –particuliers et fondations.
La nouvelle T.com

mercredi 20 novembre 2013

Mehdi au Journal de TV 2M


Présentation de l'exposition au Musée de Marrakech au journal d'informations de 2M dans la page culture de Samia Harici du 7 novembre 2013. Recopier le lien pour accéder à la vidéo :

https://docs.google.com/file/d/0B9eEewQoGdtnRGRtQmtjSlp2c1E/edit?usp=drive_web